CHRONIQUE: THESES

LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA FEDERATION

DE RUSSIE DANS LA RÉGION DE LA CASPIENNE

DE BORIS ELTSINE À VLADIMIR POUTINE

(1992-2004) Enjeux énergétiques et géopolitiques

par Olga Maximov*

La région de la Caspienne, un nouvel enjeu énergétique et géopolitique

En décembre 1991, l'implosion de l'Union soviétique donne naissance à quinze États indépendants. La Russie, qui considérait les républiques soviétiques comme des excroissances de son propre territoire, doit désormais construire avec elles des relations d'État à État, mais qui en même temps lui permettraient de conserver sa place dominante dans l'espace postsoviétique. Son ambition est remise en cause par des puissances qui avaient été exclues de cet espace et qui peuvent désormais s'engouffrer dans le vide de pouvoir consécutif à la chute de l'empire. C'est ainsi que la zone de la Caspienne sort de sa léthargie géopolitique pour se retrouver au cœur de l'Eurasie, à la charnière entre quatre espaces en mutation : la Russie postsoviétique au Nord, l'Europe élargie à l'Ouest, le tumultueux « Grand Moyen-Orient » au Sud, et l'Asie en pleine expansion à l'Est. La revalorisation géopolitique de cette région est accentuée par la découverte d'importants gisements d'hydrocarbures, au moment où l'énergie devient justement un enjeu majeur dans les relations internationales. Par conséquent, la lutte d'influence géopolitique est doublée d'une rivalité pour le contrôle de la Caspienne en tant que réservoir énergétique.

Cette question s'inscrit dans une évolution historique complexe. La confrontation entre les intérêts occidentaux et les intérêts russes dans l'espace postsoviétique est qualifiée de « Grand Jeu », par référence à la rivalité qui, au XIXe siècle, opposa l'Empire britannique et la Russie tsariste pour la domination de l'Asie centrale. C'est à cette époque que la géopolitique anglo-saxonne a

Revue des études slaves, Paris, LXXVIII/2-3, 2007, p. 335-341 .