Ahmad al Wallali
Naissance |
Inconnue (milieu du XVIIe siècle) Ait Ouallal |
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Décès | |
Nationalité |
Marocain |
École/tradition | |
Principaux intérêts | |
Œuvres principales |
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Influencé par | |
Père |
Mohammed Ibn Yaqub |
Ahmad al-Wallālī, né au milieu du XVIIᵉ siècle dans la région de Meknès et décédé en 1716 à Meknès, est un érudit marocain réputé pour sa maîtrise des sciences rationnelles (kalam, logique, rhétorique), ainsi que pour ses travaux en jurisprudence islamique et astronomie. Surnommé Ibn Yaʿqūb al-Miknāsī, il forma plusieurs générations de savants en tant que maître à la Zawiya al-Dilaʾiyya, au palais de Moulay Ismāʾīl à Meknès, puis à la célèbre université de la Zaytūna à Tunis[2].Il appartient à une famille de lettrés issue des Ait Wallal, tribu issue des Ait Atta aujourd'hui apparentée aux Bani Mtir[3]. Bien que issue des Ait Wallal certains auteurs lui attribuent une origine chérifienne idrisside[3] Il deviendra le plus grand sheikh du kalam d'Afrique apres la mort de sont maitre al Yusi[4].
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et formation
[modifier | modifier le code]Issu d’une famille de lettrés attachée à la Zawiya al-Dilaʾiyya, Ahmad al-Wallālī rejoint cet établissement avant 1658, profitant des liens privilégiés que sa lignée entretenait avec Abū Bakr al-Dilāʾī et son fils Muḥammad[4],[2]. Durant quinze ans, il suit un cursus complet en sciences islamiques: études coraniques, hadith, jurisprudence, ainsi que sciences rationnelles.Sous la tutelle d’al-Yūsī, il approfondit la logique, le kalam et la philosophie. Parallèlement, il reçoit un enseignement soufi auprès d’ʿAbdallāh al-Sūsī, qui marque durablement sa formation spirituelle[2].
Voyages et réseaux savants
[modifier | modifier le code]Tout en demeurant basiquement à Meknès, al-Wallālī se rend régulièrement à Fès pour confronter ses réflexions avec Abd al-Qādir al-Fāsī et son fils Muhammad, non comme simple disciple, mais en interlocuteur érudit, échangeant isānīd (chaine de transmission) et licences («ijāza») pour la transmission de textes. Il fréquente également d’autres centres du Maghreb et reçoit des enseignements en sciences naturelles (astronomie, métrique arabe, mathématiques), même si les noms de ses maîtres ne sont pas explicités[2].
Carrière et enseignement
[modifier | modifier le code]Après son retour de Fès, il ne tarde pas à être nommé maître à la Dār al-Ṣulṭāniyya de Meknès, au service du sultan Moulay Ismāʾīl. En 1706, porté par sa renommée, il est invité à enseigner à la Jāmiʿ al-Zaytūna de Tunis, où il dispense cours de logique et kalam jusqu’à son retour définitif à Meknès, où il meurt en 1716[5],[2].
Contexte intellectuel
[modifier | modifier le code]La première moitié du XVIIᵉ siècle voit au Maroc un relatif déclin des études rationnelles. Al-Yūsī initie un renouveau en réintroduisant des traités de logique et de théologie rationalistes, souvent méconnus à Fès. Al-Wallālī s’inscrit dans cette dynamique: il étudie et commente les manuels d’al-Taftāzānī, d’al-Akhḍarī et d’al-Sanūsī, avant de produire ses propres commentaires étendus. Malgré de vives controverses sur la place de la logique dans les curricula islamiques, il défend avec vigueur l’étude des sciences rationnelles, s’alignant contre les interdits de certains savants conservateurs[2].
Pensée et contributions
[modifier | modifier le code]Al-Wallālī se distingue par: Une approche pédagogique structurée: il rédige poèmes didactiques (qasīda lamiyya), manuels et commentaires couvrant la logique, la rhétorique et le kalām. Une indépendance critique: loin de se contenter de répéter ses maîtres, il confronte les doctrines d’al-Taftazani et d’al Yussi, proposant des analyses originales, notamment sur les syllogismes hypothétiques. Une synthèse des disciplines: il relie kalām, logique, rhétorique et principes juridiques, estimant que ces savoirs forment un continuum indispensable à la formation d’un savant. Une influence durable: ses élèves et les étudiants de la Zaytuna diffusent ses travaux jusqu’en Égypte, où la tradition dillaʾiyya gagne en prestige[2].
Œuvres principales
[modifier | modifier le code]Le savant laisse plus de quarante traités, dont:
Kalām et théologie
[modifier | modifier le code]Ashraf al-magāṣid fī sharḥ al-Maqāṣid (Falsafat al-Tawḥīd), six chapitres, achevé le 30 mai 1708. Lumʿat al-bayān, poème et commentaire, Kizānat al-Zawiya al-Naṣiriyya. Ṣafāʾ al-iʿtiqād, traité et conclusion soufie, Khizanat al-Zawiya al-Naṣiriyya[2].
Logique
[modifier | modifier le code]Lawāmiʿ al-naẓar, commentaire du Mukhtaṣar d’al-Sanūsī. al-Qawl al-musallam, commentaire du Sullam d’al-Akhḍarī, édité 2016.Tafsīl al-mujmal (manuscrit al-Khizana al-Hasaniyya 2306). al-Lāmiyya fī al-manṭiq , et son Sharḥ (Hamziyya al-Ayyashiyya)[2].
Rhétorique et littératures
[modifier | modifier le code]Mawāhib al-fattāḥ, commentaire sur Talkhīṣ al-Miftāḥ (1696), Dar al-Kutub al-ʻIlmiyya . Divers Sharḥ sur Talkhīṣ, Jawhar al-maknūn et réponses aux objections d’al-ʿĀmirī[2].
Autres disciplines
[modifier | modifier le code]Talkhīṣ al-maqāl en grammaire. Ḥāshiya ‘alā Sharḥ Maḥallī en usūl fiqh (MS 5617). Sharḥ Nuzhat al-Anẓār en astronomie (MS 6006).Naṣīḥat al-ṣafā en politique. Mabāḥith al-anwār, autobiographie et biographie de ses maîtres, Rabat 1999[2].
Héritage
[modifier | modifier le code]Les commentaires d’al-Wallālī deviennent textes de référence dans les madrasas maghrébines et tunisiennes du XVIIIe siècle. Ses élèves, tels qu’al-ʿĀmirī et al-Bannānī, perpétuent la tradition rationnelle jusqu’en Égypte, et influence l’enseignement de la Zaytūna. Au XXe siècle, plusieurs de ses manuscrits font l’objet d’éditions modernes, témoignant de l’intérêt renouvelé pour l’âge d’or savant du Maroc[4].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ Asteroide, ARCHIVES MAROCAINES VOL 34 1917 (lire en ligne)
- (ar) Aḥmad b Yaʿqūb al-Wallālī, Aḥmad al-Wallālī’s Commentary on al-Sanūsī’s Compendium of Logic: A Study and Edition of Lawāmiʿ al-Naẓar fī Taḥqīq Maʿānī al-Mukhtaṣar, BRILL, (ISBN 978-90-04-51180-4, lire en ligne)
- kitabweb-2013.forumsmaroc.com, Le Tafilalt, Contribution à l'histoire du Maroc aux XVIIe et XVIIIe siècles - Larbi Mezzine (lire en ligne)
- (en) Khaled El-Rouayheb, The Development of Arabic Logic (1200–1800), Schwabe Verlag (Basel), (ISBN 978-3-7965-3937-4, lire en ligne)
- ↑ (en) Kumkum Chatterjee et Clement Hawes, Europe Observed: Multiple Gazes in Early Modern Encounters, Associated University Presse, (ISBN 978-0-8387-5694-2, lire en ligne)