Intellectuel, agitateur d'idées et militant associatif, Louis-Georges Tin est à l'origine de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie qui se déroulera le 17 mai sur le thème de la transphobie. Il a dirigé le Dictionnaire de l'homophobie, paru en 2003 aux PUF, et a publié l'an dernier l'Invention de la culture hétérosexuelle (éditions Autrement).
Pour quelles raisons parle-t-on aujourdâhui de transphobie ?
Il y a dix ans, on avait le plus grand mal à utiliser le terme dâhomophobie. Les gays eux-mêmes disaient que cela induisait que lâhomosexualité conduisait au malheur, alors quâils voulaient être gays dans tous les sens du terme. En fait, cela montrait juste que câest lâhomophobie (la discrimination, le rejet) qui rend malheureux. Aujourdâhui, lâusage de ce terme sâest imposé. Avec la transphobie, on en est encore loin. On ne voit des trans quâune certaine forme de panache, par exemple lors de la Marche des fiertés. Mais lâenvers du décor est beaucoup moins rose.
La transphobie est devenue la priorité cette année, pourquoi ?
C'est la problématique la plus criante et la plus ignorée des questions LGBT [lesbienne, gay, bi et trans, ndlr]. Ces violences et agressions contre les trans (qu'ils s'agissent de travestis, de transsexuels, de transgenresâ¦) passent à la trappe. Car souvent il s'agit de personnes prostituées ou sans papiers, ou les deux : la justice n'est pas saisie, il y a peu de témoignages⦠ce sont donc des cibles aisées. D'autant que personne n'en parle : c'est quelques lignes de faits divers dans les journaux, au mieux.
Pourquoi les questions trans sont-elles marginalisées ?
Les trans ont toujours été une dyna