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Interview

«Les trans sont des cibles aisées»

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Louis-Georges Tin, à l’origine de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie :
publié le 15 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 15 mai 2009 à 6h51)

Intellectuel, agitateur d'idées et militant associatif, Louis-Georges Tin est à l'origine de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie qui se déroulera le 17 mai sur le thème de la transphobie. Il a dirigé le Dictionnaire de l'homophobie, paru en 2003 aux PUF, et a publié l'an dernier l'Invention de la culture hétérosexuelle (éditions Autrement).

Pour quelles raisons parle-t-on aujourd’hui de transphobie ?

Il y a dix ans, on avait le plus grand mal à utiliser le terme d’homophobie. Les gays eux-mêmes disaient que cela induisait que l’homosexualité conduisait au malheur, alors qu’ils voulaient être gays dans tous les sens du terme. En fait, cela montrait juste que c’est l’homophobie (la discrimination, le rejet) qui rend malheureux. Aujourd’hui, l’usage de ce terme s’est imposé. Avec la transphobie, on en est encore loin. On ne voit des trans qu’une certaine forme de panache, par exemple lors de la Marche des fiertés. Mais l’envers du décor est beaucoup moins rose.

La transphobie est devenue la priorité cette année, pourquoi ?

C'est la problématique la plus criante et la plus ignorée des questions LGBT [lesbienne, gay, bi et trans, ndlr]. Ces violences et agressions contre les trans (qu'ils s'agissent de travestis, de transsexuels, de transgenres…) passent à la trappe. Car souvent il s'agit de personnes prostituées ou sans papiers, ou les deux : la justice n'est pas saisie, il y a peu de témoignages… ce sont donc des cibles aisées. D'autant que personne n'en parle : c'est quelques lignes de faits divers dans les journaux, au mieux.

Pourquoi les questions trans sont-elles marginalisées ?

Les trans ont toujours été une dyna

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